Cet hôtel particulier situé dans le quartier du Trocadéro à Paris était en réfection totale avant d’accueillir ses nouveaux occupants – une famille nombreuse. Contacté par l’architecte d’intérieur, je rencontre les propriétaires pour qui le projet est aussi l’occasion de repenser le jardin afin qu’il devienne un espace de vie au même titre que les pièces intérieures.
Les espaces extérieurs occupent une surface d’environ 45 mètres carrés, partagée en une terrasse et une cour. Ces deux éléments sont situés sur des niveaux différents et séparés par un mur d’un mètre de haut. Une différence de niveau qui reflète l’organisation de la maison, les accès vers l’extérieur étant partagés entre un salon situé au rez-de-chaussée et une cuisine installée dans une verrière, un demi-niveau en contrebas (rez-de-jardin). La verrière de la cuisine s’ouvre ainsi sur une petite cour pavée, tandis que le salon communique avec une grande terrasse. Un petit escalier permet également de relier cour et terrasse sans repasser par la maison.
Le jardin est inséré dans un coeur d’îlot dense aux fronts bâtis très forts. Les immeubles d’une hauteur variant entre 3 et 5 étages créent un vis à vis très frontal. Les treilles installées sur les grilles ne masquent pas les regards puisqu’aucune grimpante ne s’en empare.
La hauteur des bâtiments et des clôtures séparatives génère cependant un sentiment d’enclavement. Avant même d’être planté, l’espace apparaît comme une oasis au milieu d’un environnement minéral. L’encaissement impose un traitement différencié des espaces, la cour nécessitant des plantes d’ombre tandis que la terrasse, qui dispose d’un meilleur ensoleillement, peut accueillir une plus grande variété de plantes.
La terrasse haute se déroule tout en longeur dans le prolongement du salon. Sa forme orthogonale ne rend pas l’espace très confortable et accueillant. Les murs et les clôtures participent à la fermeture visuelle. Cependant ils peuvent devenir le support à des plantes grimpantes.
En surélévation par rapport au niveau du sol, cette terrasse résolument plus contemporaine nécessitera l’installation de contenants et végétaux adaptés à la culture hors sol.
La cour-jardin, en contrebas, se dévoile depuis la terrasse haute qui la surplombe. En lien direct avec la verrière de la cuisine, cet espace constitue un potentiel fort d’aménagement. Il offre un cadre de choix depuis l’intérieur.
Au début du projet, de grands bambous investissaient une alcôve dans l’angle sud-est de la cour. Le jardin est dépourvu d’autres plantations.
Les deux espaces se distinguent par leur composition, l’ambiance et les matériaux et végétaux employés.
La terrasse haute présente un dessin géométrique : de grands bacs créent des coulisses végétales et des espaces plus resserrés, obligeant à les contourner.
La cour-jardin est organique : les contours des cheminements sont adoucis par la destructuration du revêtement en pavés.
Deux petits espaces se dessinent : un salon de lecture et un espace repas ? Les deux dessins valorisent au maximum les vues depuis les pièces intérieures mais aussi d’une partie à l’autre du jardin.
L’espace rectangulaire et allongé de la terrasse haute est habillé de bacs (pour la structure) et de poteries (pour casser les angles). Tantôt perpendiculaires, tantôt parallèles à la perspective, les bacs et poteries créent une mise en scène et propose un rythme à la découverte de la terrasse. L’installation se dévoile à mesure de la progression, en ménageant des surprises.
Cet espace est associé au salon. Afin de différencier les deux niveaux, le sol est recouvert d’un plancher de frêne dont les lames se retournent sur les faces du muret peu valorisant. Ces lames viennent dissimuler un bac sur mesure planté de grimpantes, vivaces et buis.
Au fond de la terrasse, le portique d’une largeur de 50 cm et d’une hauteur de 2.20 m est ancré dans les grands bacs. Les poteaux sont des perches de chataignier écorcé qui résistent parfaitement aux intempéries.
Le portique et les treilles du mur sont plantés de grimpantes qui permettent de créer un fond végétal dense et d’effacer le mur.
En contrebas, la cour-jardin présente une ambiance plus fraiche, plus intimiste où le végétal semble prendre le pas sur le minéral.
Un espace central permet d’installer une table. Le revêtement en pavés s’interrompt de façon irrégulière : c’est l’occasion de dessiner des massifs aux contours déstructurés. Les plantes d’ombre sont les plus représentées dans ce jardin.